• Let him go

    Un chant accusateur règne dans les ténèbres. Il n'y en a pas qu'un, en réalité, plusieurs accusations chantées flottent ici. Plein de float right, midle et left. Il ne te manque de la lumière que quand le soleil s'est couché. Celui-ci ne te manque que quand il commence à neiger. Et tu ne lui manqueras que quand elle te laissera s'en aller.

    Toi qui a vécu autodestructeur, toi qui a décidé de vivre autodestructeur, et de mourir autodestructeur.

    De ton lit, tu regardes le verre qu'on t'a tendu. Les marques de perfusions arrachées. Étant hospitalisé dans un pays libre, il t'a été autorisé à te laisser mourir lentement mais surement de faim. Cela ne les empêchant pas de venir toute les heures te proposer à boire, à manger, de voir ta fille. Choses que tu as toujours refusé. Tu gardes les verres. Et tu les jettes. Tu as déjà jeté une assiette de purée au visage de Mélodie.

    Mais actuellement. Tu n'as pas la force de le jeter. Alors tu regardes ton reflet au fond. Ça fait des années que tu fuies le miroir chaque matin. Mais là, dans ce gobelet plein d'une eau calcaire passablement toxique pour l'organisme, tu regardes. Tes yeux enfoncés dans leurs orbites, tes cheveux.. Pour le moins manquants. Tu regardes tes mains caleuses et ta peau tachée de germes que tu refuses de faire soigner. Tu regardes le bleu de tes yeux fatigués, ta peau qui a perdu toute élasticité. T'es en train de mourir, Flo.

    Conscient que t'en as plus pour longtemps, t'essaye de faire ce qui te semble le plus logique : tu ne la laisses pas s'en aller. Tu n'es pas aussi irresponsable et égoïste que son père, mais tu es pas en état de raisonner en raison et logique. Alors tu fais un réflexe : tu ne veux pas qu'elle parte, alors tu l'empêches de partir.

    Mais ton poignet est trop faible et le sien trop ferme. Elle sent comme d'habitude. Elle a l'air habillée comme d'habitude. Elle est accompagnée comme d'habitude, tu as entendu Rebbecca dehors lorsqu'elle est entrée. Mais là, Mélodie s'en va.

    Mélodie s'en va. Mélodie s'en va. Mélodie s'en va. S'en va. S'en va. Va. Va. Va.

     

    Hein Flo ?

     

    Même après l'avoir répété de nombreuses fois, tu n'arrives toujours pas à le réaliser. Tu essayais de faire durer un peu plus longtemps de douloureux rêve. Sauf que ce rêve était affreusement court, 65 ans, c'est trop court. (Reviens, Mélodie.) Vraiment trop court. Tu n'as même pas eu le temps d'avoir un gamin à toi. Norah ne devrait plus tarder à venir te voir. Et Mélodie doit (rester) s'en aller bientôt.

    Tu fermes les yeux malgré toi. Ta main cherche la jeune femme à tâtons sans arriver à la trouver. Tu entends Rebbecca. Tu sais qu'elle est dans les bras de William. Tu sais qu'il console sa mère. Mais où est Mélodie ?

     

    (Avec toi, Flo.)

    Elle est partie.

    (Elle est avec toi, Flo.)

    Elle t'a laissé tout seul.

    (Elle ne peux pas te laisser partir tout seul).

    Elle est morte, Flo.

    Tout ce qu'elle a toujours voulu, c'est te sauver (là où tu n'as toujours voulu que t'autodétruire). Tu t'agites dans ton lit. Mais ils ne peuvent plus te donner de traitements, tu es trop faible, ça te tuerait sur le coup.

    Pourquoi tu pleures, Moussy ? Ne t'ais-je jamais dis que tu n'étais là que pour tous les tuer ? Hey, faisons quelque chose. Re-mettons Florent en roue libre, tu veux bien ? Fais-moi confiance, ça sera mémorable. Mais avant, lâchons deux phrases clefs. D'accord ? Tu me fais confiance, hein Moussy ?

    ---

    Flo ? Fais un vœux.

    (Ne me laissez pas partir.)

     

    Flo ? Qu'est-ce que tu regrettes le plus ?

    (Ce que j'ai fais à Alan.)

     

    Tu réalises lentement. Aussi lentement que tout muscle de ton corps se met lentement à raccrocher le téléphone téléphone. Tu réalises ce que tu as fais à cet homme : exaucer son souhait. Tu ne le savais pas, mais il l'a souhaité. Ce que tu lui as fais. Tu as fais au père biologique de Mélodie la pire des choses qu'on puisse faire à un homme : l'effacer de toutes les mémoires.

     

    Hein Flo ?

     

    Avec toutes tes conneries. Ton suicide par la faim et la soif par exemple. Mais il y a aussi l'incendie, le meurtre qui t'a envoyé en prison, ta provoque auprès des chefs d'état... Flo, avoue, t'es fier de toi. N'est-ce pas ? Le nom de Clément s'éteindra avec Victoire, la grand mère de Mélodie. Par ta faute. Avoue que tu es fier de toi, Flo.

     

    Le pire est que tu es fier de toi. Parce que Mélodie peut désormais être à toi. Rien qu'à toi. Ta fille. Rien qu'à toi. Rien qu'à ton nom. Et celui de Norah, peut-être. Si elle le désire. Elle pourrait faire ce qu'(Florent. Ne pars pas.)elle veut de toi. (Je t'en pris. Ne pars pas.). Mais pour que Mélodie ne parte pas, tu étais près à faire disparaître un homme et son patronyme. (Et maintenant, t'as ce que tu mérites, enculé.)

     

    Ouais.

    T'as ce que tu mérites (enculé).

     

    Parce que Mélodie est partie. Et toi. Tu crèves seul comme un (squelettique) tas de merde. Oublié (Abandonné) de tous. Finalement. Dans le silence de cet hôpital, tu te mets doucement à rire. Aussi loin que tes forces te l'on permis, c'est à dire peu. On dirait que t'es mort heureux Flo. C'est beau non ? T'es mort, mort de rire. Vexé par ta propre connerie.

     

    T'as c'que tu mérites enculé.
    (You get what you fuCkIin deserve!)

     


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