• Arc 3 - Be a good little girl

    Chapitre // v chat
    *

    Dame souffrance s'éveille. Sa victime entre ses griffes se tortille. Petite Rivière, tel le papillon piégé de la toile de l'araignée, se débat sans jamais avoir l'espoir de sortir de là. Elle est née dans cette même toile d'araignée qui n'a cessé d'évoluer. Qui évolue en réalité à chaque seconde. A chaque instant. Elle se dilate, se rétracte, s'intensifie, se fragmente, se fait tranchante, oppressante, cassante. 

     

    Wake me up !

     

    La petite fille essaye de se réveiller. Le petit papillon s'agite dans sa toile. 

     

    I can't wake up !

     

    Mais elle n'y arrive pas. Le rêve la piège. 

     

    Save me !

     

    Elle appel à l'aide. Mais elle ne voit rien. Elle n'entend rien. Elle ne reçoit pas de réponse. Elle sent sa fin approcher. Elle a peur. Elle a si peur. Elle se cache dans l'ombre qui la surplombe. Elle ne pleure pas. Pleurer ne sert à rien. Ca ne fait même pas saigner ses plaies sèches et béantes. Ses plaies infectées. Petite Rivière se met à hurler. Elle appelle à l'aide. Elle appelle quelqu'un. N'importe qui. N'importe quoi. Qu'on la sorte de ce cauchemar. Elle ne voit rien de ce qu'il y a dehors. Ce n'est qu'un grand cauchemar entrecoupé de ce visage, ce visage blanc qui s'offre à ses yeux parfois. 

     

    Elle veut voir ce visage. Elle pense qu'il est venu pour elle. Rien que pour elle. Rien que pour la sauver. Oui la sauver. La sauver de peu importe quoi. Quoi que ce soit, ça la consume comme une flamme dans des eaux troubles. 

     

    Mais c'est comme si cette flamme immergée n'était pas dans de l'eau mais dans la fumée d'un gaz toxique.. Même explosif. Elle continue d'appeler à l'aide. Mais personne ne l'entend, personne ne la voit, elle crie plus fort encore, mais personne ne l'entend. Elle se sent tomber. Elle se sent prise en otage par sa propre douleur. Elle se sent mal. Si mal. Alors elle se met à hurler. D'une voix désarticulée et sans grand sens. Elle ne hurle plus pour avoir de l'aide, ni pour qu'on l'entende ou pour soulager sa douleur, elle hurle simplement comme un animal sauvage. Un beuglement qui n'a rien d'animal. Qui sort du tréfond de ses tripes. Un mélange de désespoir, de douleur. Puis, tout en hurlant, elle heurte le sol. Avec une violence improbable. Elle se serait brisé les os, si ça n'avait pas été qu'une abominable hallucination. Elle a senti une onde glacée lui traverser le corps, son coeur a manqué un battement, son hurlement a manqué un temps. Puis il reprend. Augmentant ses décibels. 

     

    Elle essaye de se lever, tout en hurlant. Mais elle n'y arrive pas. Elle hurle si fort qu'elle ne s'entend plus. Qu'elle n'entend plus rien. Qu'elle pourrait cracher ses poumons sur ce sol noir de ténèbres. Elle pourrait y vomir ses boyaux. Avec toute sa détresse. Petite Rivière hurle, continue d'hurler, d'une voix qui n'a toujours rien d'animal. Les os de sa mâchoire se tordent et se brise. Sa colonne vertébrale se courbe sous l'effet du hurlement salvateur. Elle se brise aussi. Elle finit sur le sol. Incapable de bouger, si non hurler, transie de douleur. Transie de peur. 

     

    Tandis qu'elle éperdue son cri désespéré, elle aperçoit le visage. Le visage rien que pour elle. Il plonge avec elle vers les ténèbres. Elle continue de hurler. Elle ne peut faire que ça. Hurler à s'en déchirer les cordes vocales. Même si sa mâchoire s'est déjà débloquée. Sa voix se perd dans un essoufflement et une irritation accablante. Mais elle continue d'évacuer une incommensurable densité d'air  par cette trachée, dépourvue de son. Et Petite Rivière s'écroule sous son propre poids, le sol était noir, il était froid, il était terrifiant. Mais c qu'il y a sous elle, c'est encore plus effrayant : le vide. Un vide infini et puissant. 

     

    — Bonjour. Petite Rivière. 

     

    Ce n'était pas la voix rien que pour elle. S'en était une autre. Une voix bienveillante. Une voix qui a déjà sombré, et plus bas qu'elle. Petite Rivière lève la tête. Elle cesse de hurler. Elle sens toujours ses membres. Elle sent toujours ses os. Elle est en suspend dans le vide, en suspend dans un cauchemar. 

     

    Elle s'était reconnue dans ce nom là : Petite Rivière. 

     

    — Bonjour. 

     

    Murmura-t-elle tout doucement. Découvrant un nouveau mot. Et sa signification. La phrase Quand on rencontre quelqu'un, on lui dit bonjour. S'imprima dans son disque dur encore vierge. 

     

    — C'est bien, tu es forte. Ton esprit se meurtri mais ta voix reste douce. 

     

    Elle remarque que cette voix, qui n'était pas celle rien que pour elle, n'était pas qu'une voix. Elle était juste là. La suspendant dans sa chute. Juste là. Contre elle, à murmurer à son oreille avec fierté et désolation. 

     

    — Vous êtes triste. 

     

    La forme là tout contre elle eut un soubresaut. Elle reconnu cela comme étant un rire. Ce n'était pas comme la voix rien que pour elle. Lui, ne palpitait pas. Lui, il lui ressemblait. La voix rien que pour elle aussi. Mais pas aussi distinctement. Cette silhouette, elle même et la voix rien que pour elle était des personnes. Elle en avait conscience. Même si elle ne connaissait même pas encore ce que voulait dire exactement ce mot. Elle ne le connaissait même probablement pas. Elle n'avait pas de vocabulaire. Ou presque. 

     

    Petite Rivière, elle, avait apprit le pronom "Vous" lors de l'un de ces rares moments d'éveils. Grâce à la voix rien que pour elle. "Vous allez dégager d'ici oui ?! Vous voyez bien que vous lui faites peur !" Elle n'avait pas compris qu'il y avait plusieurs personnes. Petite Rivière n'avait réussi qu'à entendre la voix rien que pour elle. Elle n'avait même pas réussi à ouvrir ses petits yeux. Son petit monde s'arrêtait à cette voix rien que pour elle. 

     

    — Sais-tu qui je suis, mon enfant ? 

     

    Elle ne savait pas. Et elle ne voulait pas parler. Elle voulait écouter. Et sentir. Comme le faisait la voix rien que pour elle. Alors elle écouta. Et senti. 

     

    — Mon nom est Mousse du Secret. Je suis là pour t'aider. 

     

    — Mousse du Secret, vous êtes une personne ? 

     

    Demanda Petite Rivière en regardant cette forme sombre. Noir comme du jais. Elle identifia une paire d'yeux. Pas ambrés. Eux. Eux, les siens, ils étaient bleus pâle. Violacés. Comme parfois quand elle regardait le ciel. 

     

    — Je ne suis plus vraiment une personne. 

     

    — En suis-je une, moi ? 

     

    — Oui, tu es une personne. Qui a besoin d'aide. 

     

    Elle ne se sentait pas en danger. Là. Maintenant. 

     

    — Me protéger ? 

     

    — C'est cela. 

     

    Sa voix était très différente de la voix rien que pour elle. Ils parlaient autant, mais pas de la même façon. C'était pareil. Mais ce n'était pas vraiment pareil. Dans cette voix là, il y avait un desir profond et impressionnant. Une prestance que Petite Rivière ne comprenait pas. Comme son désire. Son désire de la protéger. La voix rien que pour elle voulait qu'elle soit forte. Qu'elle vienne à lui. 

     

    — Et la voix rien que pour moi ?

     

    — Lui, c'est une personne. Une vraie. Il s'appel Embrasement des Flocons. 

     

    Petite Rivière se met sur le dos pour voir Mousse du Secret. Pour voir son visage. Son visage triste. 

     

    — Embrasement des Flocons. 

     

    Répète-t-elle. Avec douceur et calme. Le chaton le plus calme qui puisse exister. Penser que la voix rien que pour elle était en réalité une personne, là en dehors de son petit univers perdu la remplie de bonheur. Un bonheur singulier et omniprésent. Si bien que les couleurs apparurent autour d'elle. 

     

    Mousse du Secret sourit. 

     

    — Nous sommes tes pères. Nous sommes ceux qui t'aimons le plus. Ceux qui ne t'abandonneront jamais. Je te protégerai, et Embrasement des Flocons va être celui qui va te rendre forte. Lui, il va t'aime plus que tu ne le verras toi même. Ta mère et moi, nous t'avons simplement donné la vie. Et abandonnée. Lui, il va t'élever. T'élever si haut que tout le monde t'aimera, te respectera. 

     

    Elle ne comprenait pas bien ses mots. Elle venait d'apprendre bien des mots, et nombre d'entre eux étaient pour elle fantômes. Sans le moindre sens. 

     

    Mais le temps de l'ombre s'abréga. Et Mousse du Secret disparu petit à petit. 

     

    Tandis que le sol se dérobait sous ses pattes à nouveau, maintenant que cet instant de gel temporel était terminé, Mousse du Secret posa ses pattes sur les siennes, tentant de la retenir. De la protéger. 

     

    — Sois forte. 

     

    Miaula-t-il alors que la panique envahissait Petite Rivière avec fulgurance. 

     

    — Non, non  ne pars pas, Mousse du Secret ! Ne pars pas ! NON ! S'IL TE PLAIS NON !

     

    Hurla-t-elle les yeux si écarquillés qu'on y voyait ce qu'elle apprendra être une sclérotique. 

     

    — Tu peux nous appeler Papa. 

     

    Miaula-t-il avant de vraiment disparaître. 

     

    Laissant Petite Rivière revenir à son enfer. Elle tomba. À nouveau. Elle hurla. À nouveau. Petite Rivière sombra en chute libre dans un cauchemar semblant sans fond. Elle sembla oublier. Elle sembla perdre le contrôle. Comme elle avait perdu le contrôle sous ses pattes. Elle sentait son monde en colère. Elle sentait son monde inquiet. Elle sentait son monde désespéré. Elle se sentait désespérée. Elle se sentait en plein cauchemar. 

     

    « Hey, respire putain ! »

     

    Cette phrase traversa son petit monde dans un éclaire soudain. C'était la voix rien que pour elle. La personne rien que pour elle. Un coup de tonnerre qui s'abattait sur sa tête. Cette fois, ma terreur de tonnerre s'empara de son corps tout entier. Et des flammes ardentes l’assaillirent jusqu'à ce qu'elle succombe. Petite Rivière, à bout de force, se mise à pleurer. Le souffle coupé. 

     

    Sa décadence s'accélère, et ne cessa de s'étendre. La douleur lui arracha un nouveau hurlement. Elle s'époumona plus fort que jamais. Éprise de sa douleur. Éprise de sa chute. Éprise de sa peur. Appelant la personne rien que pour elle. Pourrait-t-elle sortir de ce lieu ? Pourrait-t-elle retrouver la personne rien que pour elle ? 

     

    Elle pensa au doré des yeux qu'elle avait vu. Au blanc de ses poils. À sa grande taille. Qu'elle avait vu une fois lorsqu'elle avait ouvert les yeux. Était-ce la personne rien que pour elle ? Maintenant, elle en était persuadée. C'était la personne rien que pour elle. C'était Embrasement des Flocons. 

     

    C'est là qu'elle sentit contre son museau le sien. Un museau très grand. Vraiment très grand. Elle se sentit en sécurité. Elle se sentie forte. Elle se sentit tirée de son vide. Tirée avec rage et hargne. Et détermination. La détermination de la sortir de là. Pas de la protéger. Juste de la voir. De la voir grandir. De la voir s'épanouir. 

     

    Et au lieu que deux pattes ne se posent sur les siennes pour la retenir, ce sont des crocs qui s'enfoncèrent dans la peau de son cou pour la ramener à la surface. Le museau contre le sien resta. Figé. Complètement figé. Et Petite Rivière ouvrit les yeux. Comme loin de son cauchemar. Dans son univers de couleurs. Une couleur qu'elle venait de découvrir pour de bon, se montra prédominante : le blanc.

    Chapitre //
    *

    The sound of a lullaby shines in the land. 
    The sweet melody echoes everywhere it can be hearing.
    It rebounds far away, over whatever it could imagine itself. 
    And the little soul lost herself in the deepness of her own mind.
    She could smiles, but she's not. 
    She could cry, but she's not. 
    She could scream, but she's not. 
    She hade lost something really important. 
    Something that she can't really remember. 
    Is that a bloody bubble?
    Is that a remote scream, that wants to be forgotten without being forgotten himself?
    Is that a bed of moss, a burning snowflake, a sweet oil?

    [Le son d'une berceuse scintille sur le territoire.
    La douce mélodie ricoche partout où l'on peut l'entendre.
    Elle rebondit au loin, par delà tout ce qu'elle peut elle-même imaginer.
    Et la petite âme se perd dans les profondeurs de sa propre tête.
    Elle pourrait sourire, mais elle ne le fait pas.
    Elle pourrait pleurer, mais elle ne le fait pas.
    Elle pourrait crier, mais elle ne le fait pas.
    Elle a perdu quelque chose de vraiment important.
    Quelque chose dont elle ne peut pas vraiment se rappeler.
    Est-ce une bulle recouverte de sang ?
    Est-ce un hurlement lointain qui veut être oublié sans être oublié lui même ? (Note → Je passe de It à he, pour montrer que le hurlement est une chose à oublier, mais qu'il y a une personne derrière, qui elle ne veut pas être oubliée)
    Est-ce un lit de mousse sauvage, un flocon enflammé, une douce huile ?]

    Chapitre //
    *

    Du bas de ma mélodie, je regarde ce que j'ai perdu, mais je ne le vois pas. Parce que je ne l'ai pas encore perdu, lui. J'ai perdu mon lit de mousse, ma douce huile, mais ni le flocon qui s'enflamme ni le hurlement lointain qui veut être oublié sans être lui même oublié. Je ne sais pas encore qui sera la bulle ensanglantée. Je regarde mon compagnon avec toute la douceur dont je suis capable. Et je suis capable de montrer beaucoup de douceur. Je sais qu'il n'aime pas ça. Et il me le montre bien. Alors je me tais, je m'éloigne, et je lui sourie. « Tout ira bien Max. » Et ses yeux me répondent. Ils hurlent leur agacement, mais murmurent en silence leur détresse. « Je sais Mels. » Il le sait parce qu'il fait tout pour. Il s'épuise à faire le meilleur, à être meilleur. Alors qu'il voulait jadis être le meilleur. Fut un temps où il ne s'entraîne qu'à être reconnu et regardé quand il traverse un chemin. Désormais, il s'entraîne à transformer son passage sinueux et remplit de hurlement dévastateurs en un soleil parmi les étoiles. Le soleil est une étoile, mais c'est la mienne. Alors c'est le soleil. Il n'a rien à envier aux autres, mais il est près de moi, et j'orbite autour doucement. Maxime Lihal-Pinabel apprenait à marquer les esprits, maintenant il existe, en plus de marquer leurs esprits. Et sans tout ruiner au passage. 


    Je suis bien d'accord, il n'est pas vraiment le mari patient et compréhensif que mon père espérait pour moi. Mais mon père voulait surtout ne pas avoir à faire à qui que ce soit se présentant comme étant mon compagnon. 

    — Qu'est-ce que tu veux Mels ? Reste pas plantée là comme une potiche. Hurle-t-il. Je souris un peu plus encore. Il a encore des progrès à faire, et je sais qu'il n'aura jamais la douceur d'une chanson de Michèle Torr, mais je sais qu'il va y arriver. 

    — Tu es dans le passage Max. Et je ne faisais que te dire bonjour, chéri. Je n'aime pas l'appeler comme ça, et il n'aime pas que je l'appelle comme ça. Je devrai bannir ce mot de mon vocabulaire, mais je ne sais pas comment lui rappeler le lien, le pacte, et les alliances qui sont censé nous unir. Voilà une chose que mon père n'a jamais sut m'apprendre. 

    — Appelle moi comme ça encore une fois et je jure que je t'arrache les yeux putain. Je me suis pris la petite tempête. Ce n'était pas grand chose. Il a l'air vraiment en colère, je le sais, il n'aime vraiment pas que je l'appelle comme ça. Mais c'est comme ça que je vois ses progrès. Il retient sa colère. Alors je souris et je passe, il s'était avancé pour que je puisse bien voir ses yeux lançant des éclaires. Il voulait voir ce que son petit hurlement avait fait aussi, je pense. Alors je suis passé en le bousculant, allant chercher le reste des courses dans la voiture. 

    Notre voiture est en réalité au garage, car je ne prend mon service qu'à 13h45 à l'hôpital. Maxime était allé faire les courses des travaux de la cuisine avec sa camionnette de service. C'était plus commode ainsi. 

    Après avoir tout déchargé, Maxime a tout emmené dans la cuisine, et c'est là que je l'ai vue : l'alliance. Celle où on a fait graver notre promesse « Apprenons à vivre, ensemble. ». Il ne la portait jamais d'habitude. Je l'ai vue parce qu'il l'a posée sur la table, pendant qu'il commençait les travaux de la cuisine, alors que je préparais à manger rapidement. Ca voulait bien dire qu'il l'avait portée aujourd’hui, non ? Au moins qu'il l'avait sur lui. Puis je l'ai aidé, en silence. Il n'a rien dit. Il n'a pas hurlé. J'étais fière de lui. Puis je suis partie travailler. 

    — J'y vais Maxime, ne force pas trop. Encore une fois, il n'a rien dit. Mais je remarquais qu'il était de plus en plus détendu quand je le touchais. Il n'aimait pas encore trop ça, mais ça lui faisait du bien parfois. J'ai déposé un baisé sur sa tempe et ai franchis le palier. 

    — Fais gaffe à toi. Il était petit, mais je l'ai entendu. Je n'ai rien dis, il valait mieux, alors j'ai juste souris en fermant la porte. 

    La journée de travail a été assez... Fructueuse. Des blessés, des pansements à faire par centaines de milliers au moins. J'ai passé ma pause comme tout les jours au cabinet du médecin, celui de mon père. Je nous ai amené un café chacun au passage, et nous parlions des derniers cas de la journée. 

    — Mélodie, ça va avec l'autre tr-
    — Papa. 
    — Ok pardon ça va. Comment ça se passe avec Maxime ?
    — Il fait des progrès, il m'a même dit de faire attention à moi quand je suis partie. 
    — Tu penses qu'il a flippé un peu l'autre fois ? 
    — Comment ? Quand George m'a agressée ?
    — T'as quand même finie au urgences. 
    — Oui, même que tu étais en colère parce que Max n'était pas venu. 

    Ceux à quoi il ne rétorque rien. Il me propose simplement de m’ausculter pour être sûre que tout va bien. J'accepte et il commence donc comme d'habitude, les poumons, le cœur, la tension, la fièvre. Puis une petite échographie. Car j'avais la fâcheuse tendance à imaginer des choses et à m'intoxiquer depuis petite. Je fais parti de ces schizophrènes qui n'ont pas de dédoublement de la personnalité mais qui perdent tout contact avec la réalité. 

    — Mels. Papa a l'air inquiet. Je le regarde avec mon sourire habituel, j'ai dû encore manger quelque chose qu'il ne fallait pas. Un légo, une boule de papier d'aluminium peut-être. Mais j'ai vite vu que ses yeux ne montraient pas vraiment de la peur, mais du reproche. 

    — Papa ? Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai encore avalé quelque chose de mauvais ?
    — Nan, t'as un truc dans le ventre mais c'est pire encore que le légo de tes 6 ans qui a failli te perforer les poumons. Je ne m'en souvenais pas. Mais si j'avais 6 ans, il était encore en internat. Je me demande alors comment est-ce qu'il a réagit, si c'est lui qui l'a diagnostiqué et si c'est lui qui m'a soignée. 
    — Comment ça ? J'ai avalé un cheval ? Je ne suis pas une grosse pratiquante de l'humour absurde mais je voudrais essayer de détendre un peu mon père. 
    — T'es enceinte Mélodie !

    La mélodie changea. Celle de mon rêve était douce. Calme. C'était une berceuse. Puis elle s'est affolée quand Maxime est arrivé. Dorénavant c'était un claire de lune à la Beethoven, le claire de lune du 3em mouvement. C'était comme un orage, une tempête. Il n'y avait pas d'erreur possible. J'étais enceinte et de 3 mois.Je suis rentré à la maison. Il était 21h45 et Max était déjà là. Il s'était endormi sur le canapé. La télé éteinte, il avait un livre entre les mains. Je suis allé faire un tour dans la cuisine, il avait pratiquement terminé de tout monter. Il avait dû y passer toute l'après midi et la soirée. En temps normal, j'aurai posé une couverture sur lui et suivant sa réaction et ses comportements de la journée serai sois resté, sois serai allé dans le lit. Une fois il m'y avait même rejointe tard dans la nuit. C'était un jour où j'étais malade. 

    Mais aujourd'hui, ce soir, je devais lui parler. Alors je suis allé chercher les deux couvertures habituelles. J'en ai posé une sur ses épaules. Il n'a même pas réagit. Après tout, il a l'habitude. Puis je me suis assise en fétus à l'autre bout du divan, et j'ai attendu qu'il n'ouvre les yeux. N'osant le réveiller. 

    22h. Ça ne fait qu'un quart d'heure. Et je suis à deux doigts de me mettre à pleurer. J'essaye de me lever, pour sortir prendre l'air sur la terrasse, mais je réalise à quel point je tremble. J'ai peur de sa réaction, à vrai dire. Je m'en rendrai malade si je ne le lui dis pas dés que possible. Or, là, c'est possible. Alors j'approche une main tremblante de son visage pour qu'il se réveille. 

    — Maxime, réveille toi. S'il te plais. 

    J'ai essayé de teindre ma voix du moins de terreur possible, mais elle me vrillait l'estomac. Et je pense que ce qui l'a réveillé c'est le contact avec ma main tremblante. Mais il a l'habitude aussi de me voir ainsi, enfin plus tellement que ça depuis ces deux dernières années, et même depuis le mariage qui datait maintenant de 3 ans. Alors j'ai vu dans ses yeux de l’incompréhension, de la confusion, mais surtout un brin, un mince brin, un minuscule filet d'inquiétude. 

    — Qu'est-ce que tu me réveilles alors que t'es dans un état pareil ? Je peux pas t'aider moi Mels, tu le sais ! Max est en colère. C'est quand j'ai réalisé ça que j'ai commencé à vraiment pleurer. J'ai essayé d'essuyer mes larmes mais sans succès. C'était impossible de me calmer. 

    — C'est pas ma faute si tu paniques d'un ri— 
    — Mon père m'a auscultée. Le coupé-je.
    — Voyez-vous ça. Il a trouvé quoi ? Un cancer foudroyant j'espère. Il recommence. Un élan de stress m’agrippe la poitrine et je sens la nausée arriver, poissée par une hyperventilation. Je suis infirmière, je m'y connais, je suis vraiment en train de me rendre malade d'angoisse. J'ai peur de parler. Mais je m'y force. 
    — Il m'a dit que j'étais enceinte Maxime. De 3 mois. À ce stade de grossesse, c'est possible d'avorter non ? Je le regarde. J'ai peur, mon dieu que j'ai peur, la terreur est en train de me rendre malade. Mon dieu j'hyperventile comme si j'allais en mourir. 

    Mais Maxime ne dit rien. Il est visiblement sois le choque. Ne pouvant rien faire, je me détourne et je regarde dans le vide, les genoux repliés sous moi. Ma respiration se calme. Je sais que son hurlement, celui qu'il va pousser d'un moment à un autre, sera dévastateur. Alors j'attend. 

    — Putain ? 

    Dans cette situation précise s'aurait été insultant pour l'importe qui. Mais on parle de Maxime. Alors je l'ai regardé, et je pense que c'est l'une des choses les plus douloureuses qu'il me fut donnée de voir. J'ai vu sa peur, toute sa peur, vraiment l'intégralité de sa peur. Je l'ai vu les yeux dévorés de peur. Je me suis sentie coupable. Il ne sentait pas prêt, évidement qu'il ne se sentait pas prêt. Mais moi, est-ce que je l'avais senti prêt ? (Oui, tu l'as senti prêt.) (Et comment as-tu pus le trahir ainsi Mélodie ?) Je ne l'ai pas trahie ! Mais alors que les voix reviennent, je vois dans les yeux de Maxime que le hurlement va bientôt retentir. D'une seconde à l'autre. Alors je le regarde. Je sens l'affolement dans ma tête, mais je reste calme. Ça va aller Mélodie. Dans cette situation, je pense qu'il a d'avantage peur que moi. Alors, je décide de rester forte et courageuse pour nous deux. Parce qu'on partage nos noms depuis 3 belles années, qui ne t'étaient pas toujours, maintenant, et que je me dois d'être prête, si lui ne l'est pas. Alors je garde le silence, je vais essuyer son hurlement avec toute la tendresse qui est mienne. 

    Burning melody

    — Mélodie, je déconne pas, je suis pas prêt pour ça.
    — Maxime, tu crois que je le suis moi ? 

    — Qu'est-ce que j'en sais ?! Max se lève, je me lève aussi. Je suis prête, peut-être pas pour cet enfant qui grandit en moi, mais prête à essuyer cette vague de rage. 

    Le chasseur rouquin s'arche de son fusil, et me met en joue. Ses prunelles brunes me fixent, me lacèrent de leur détresse, de leur colère. Tu n'es pas en colère contre moi, je le sais, mais c'est moi qui vais devoir le subir. Au moins, mes futurs maux ne seront que tes mots Maxime. S'il y a une chose dont je suis sûre c'est que tu ne lèveras jamais la main sur moi. 

    — Crois moi je suis aussi terrifiée que toi. Mais tu sais ce que tes parents t'ont fait, tout ce que tu ne voudrais plus jamais vivre. Comme moi je sais d'autres chose. On arrivera au moins à le rendre heureux, à nous deux ? On lui apprendra à exister, et lui apprendra à vivre tout seul. J'essaye d'approcher, mais ses yeux me disent de dégager de sa route. Alors je m'éloigne encore un peu. Il est planté là, devant moi, et il ne bouge plus. 

    — Tu dis ça comme si c'était possible. Comme si c'était déjà une personne. Comme s'il était vraiment là. 
    — 
    Parce que c'est vrai Maxime. Il est là. Il grandit. Et dans 6 mois, il sera dans tes bras. 
    — C'est pas possible je te dis ! C'est pas possible ! 
    Je m'en veux. Je sens qu'il est en train de paniquer. J'essaye d'approcher, je joue un peu avec le feu, je sens que je vais me brûler les mains, mais j'ai l'habitude maintenant. J'attrape sa manche, j'essaye de le ramener vers moi, de le sortir de ses ténèbres. Mais il recule à son tour. Je décide de ne pas insister. 

    — Max, quoi que tu décides, dis toi que ça va aller. Tout ira pour le mieux. Tu ne te sens pas prêt mais moi je sais que (Vous ne le serez jamais Melsça peut être faux. Et tu as tellement changé, en quelques années, tu es devenu tellement.. Meilleur ! Ça va bien se passer. Tu verras. Mais je sens qu'il est en train de se noyer dans sa peur. Je le vois dans ses yeux, je le vois dans ses mains. Il ne tremble pas, il n'a pas la même peur que moi, il a beaucoup de sang-froid. (Sang-froid que tu es en train de lui faire perdre Mels.) Je dois la contredire. Je dois répliquer. Alors je visualise mon père près de moi, comme quand j'étais petite, il est accroupi près de moi, une main sur mon épaule et il susurre au creux de mon oreille. Il parle à mes neurones, à mon cerveau. Il lui apprend à devenir Sherlock Holmes. 

    « Observe le. Qu'est-ce que tu vois Mélodie ? »
    J'observe d'abord son visage. Ses traits sont tirés. Il me regarde avec dans les yeux autant de rage que de peur. Il fait comme quand Papa l'a agressé, fut un temps, alors que nous avions encore 16 ans. Il est paralysé. Complètement paralysé. 

    « Es-tu en train de dire qu'il y a une chance pour que tu n'ai pas à essuyer son hurlement ? »
    Je suis en train d'observer. J'observe qu'il a peur. Et quand il a fait ça, ça lui a fait énormément de mal. 

    « Alors, que vois-tu d'autre Mélodie ? »
    Je vois qu'il est en colère. Mais qu'il ne me dit rien à moi, parce que ce n'est pas après moi qu'il en a. Probablement plus envers lui. Je pense qu'il se retient de m'en vouloir à moi. (Es-tu vraiment si innocente que ça dans la responsabilité de son déclin, de sa catastrophe ?) J'en suis responsable. C'est pour ça que j'accepte de subir son hurlement, et que je n'aime pas l'idée qu'il l'intériorise. C'est aussi pour ça que je l'aide. Que je veux l'aider. (Mais quoi que tu fasses, tu n'y arriveras jamais. Tu es tout ce qu'il y a de plus pitoyable Mels, comment veux-tu l'aider ?) (Oui Mels, tu es inutile. Et fragile, comment pourrais-tu élever un enfant ?) Je n'arrive plus à les faire taire. Je porte mes mains à mes oreilles dans un spasme incontrôlable. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, de ce que je fais et de ce qui est illusion. Les yeux haineux de Maxime sont-ils vrais ? N'étaient ils pas différent il y— (Il te hait Mélodie.) Je retire mes mains de mes oreilles, j'essaye de faire face à son hurlement et à ça en même temps. (N'oublie pas ta propre peur Mélodie.) (N'oublie pas comme tu es inutile.) (Inutile.) (Peut-être même nuisible.) (Regarde ce que tu lui fais Mélodie.) (Ce n'est pas bien Mélodie.) (Tu devrais avoir honte Mélodie.) Je ne comprend pas ce qu'il se passe. Je vois Maxime hurler. Je ne comprend pas ce qu'il dit. Je le vois lever ses mains vers moi. Il ne me fera jamais de (Il t'en a déjà fait Mélodie.) Je me fige, je recule, je manque de trébucher, je recule un peu plus encore.

    — Max, s'il te (Ne parle pas.AH ! Je me tais. Je me tais. Je me tais. Je me tais. Mais je le vois, je le vois, j'ai peur, j'ai vraiment peur. Me fais pas de m—(NE PARLE PAS !!!) Je pousse ujn nouveau hurlement, je ressers mes mains contre mes tympans. Ce hurlement raisonne de partout dans ma tête. Sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là, sortez moi de là. Ne cessé-je de songer. Faisant ricocher une minuscule assonance partout dans ma tête. Les S de celle-ci semblent ne pas frapper la paroi crânienne mais la caresser. (C'est pas bien Mélodie.) (Qu'est-ce que tu es en train de faire ?) (N'as-tu pas honte Mélodie ?)

    HEIN MÉLODIE !?    

     

    (MÉLODIE)     (MÉLODIE)   (MÉLODIE)   (MÉLODIE)   (MÉLODIE)

    Elle a entendu tellement de fois le mot "Mélodie" en quelques minutes qu'elle en a presque oublié le sens. Mélodie est perdue dans une rivière sans fond. Elle est comme une goutte de miel sur laquelle on verse des litres et des litres de lait. 

    Elle ne prononce pas un seul mot, pas un seul cri n'en vient à franchir la frontière de ses lèvres pour aller de jeter du haut de la falaise. Personne en Mélodie Pinabel-Lihal n'a envie d'aller au pays des merveille apparemment. Ils veulent tous s'enfermer dans l'Underground. Libre à eux. 

    Mais c'est cela qui chez elle annonce les crises. Ça et les énallages qui givrent tes pensées, et l'empêche de penser par même le bon pronom personnel. 

    Et c'est cela qui justement a déclenché l'action la plus horrifique aux yeux de Mélodie. 

    Maxime est parti. Mélodie commence à suffoquer, cette fois-ci elle commence à pleurer, bien que tout le bruit autour est toujours là, il y a toujours du bruit, du bruit partout, beaucoup trop de bruit. Et lorsqu'elle elle entend la porte claquer, elle comprend qu'il ne reviendra pas. Qu'il l'a abandonnée. Alors elle accepte de céder tout ses caprices à la maladie et elle s'écroule au sol en hurlant. Juste parce que c'est tout ce qu'elle peut faire, hurler par dessus toutes ces voix, toute cette peur, toute cette culpabilité. 

    Chapitre //
    *

    PDV Maxime -
    Max savait qu'il avait eu tord d'abandonner ainsi Mélodie, surtout si elle était enceinte. Mais quand il a vu ses yeux, et son absence de réaction, d'habitude, elle lui répond toujours, elle ne parle pas beaucoup, mais à lui elle y est toujours arrivé. Mais là, elle ne prononçait pas le moindre mot, elle ne versait pas une seule larme. Il a sût à ce moment précis ce qu'il avait déclenché. Il en avait déclenché plusieurs c'est vrai, mais pas les plus grosses. Il avait déclenché des assaillements de voix, mais pas.. Pas ça. Jamais il n'avait provoqué ça. 

    Alors il prit peur. Il prit peur de ce qu'il lui avait fait. De ce qu'il se passait dans la tête de sa femme. Et il s'enfuit. Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire. Mais il savait qui pourrait le lui dire. C'était une épreuve d'aller voir Florent Pinabel, mais il savait gérer sa fille. Il saurait au moins l'aider. La consoler. Alors que lui, trouverait peut-être un peu de courage. Alors il est allé frapper à la foutue porte du père de Mélodie. 

    — Maxime ? Qu'est-ce que tu fais ici ? 
    — Mélodie a fait une crise. 
    — Tu lui as encore fais du mal hein ? Fumier. 
    — Ouais, je lui ai encore fais du mal. Mais c'est mieux comme ça. Ça devait pas arriver, ça. 
    — De quoi ça, vous êtes un couple Maxime. Il est temps d'assumer que t'as une femme et que t'es plus le merdeux qu't'étais.
    — Et qu'est-ce que t'en sais toi ? T'as jamais eu de gosse à toi. Ni de femme d'ailleurs. 
    — Ouais, et c'est pour ça que je te confie ma fille connard.
     Florent se retient de le frapper. J'te demande pas d'être un bon père, juste d'assumer et d'faire de ton mieux. 
    — Tu peux te gratter. J'suis pas prêt, je vais le casser, et j'vais casser Mels avec. Qu'elle se trouve un autre bouc émissaire, parce que moi j'me barre de ce merdier. 

    Cette fois-ci, Florent n'a sût résister et il a frappé son gendre. 
    — Connard. Dégage de chez moi, démerde toi, je veux plus te voir. Approche Mélodie encore une fois et je jure que je te tue. 

    Et Max écouta le père de la jeune schizophrène, il s'en alla. Mais il n'avait rien promit, et n'était pas vraiment prêt non plus à abandonner Mélodie. Pas par orgueil, ni parce qu'elle avait besoin de lui, ni par cette connerie "d'amour" ou par le contact de mariage qui les réunissait, ou même leur promesse d'apprendre à vivre, ensemble. Simplement parce qu'il avait pas envie de la laisser tomber. Elle était folle, elle était fragile, mais elle méritait pas ça. Elle méritait pas spécialement un connard comme lui comme mari, mais pas non plus son connard de père, et l'intéressé était le premier à le dire. Mais Mélodie les aimait tout les deux, et ceux de manière inconditionnelle. Pour elle, aussi faibles soient-ils, ils étaient pour elle des personnes merveilleuses. Et tant lui que Florent Pinabel, ils lui étaient pour cela d'une grande reconnaissance. 

    Chapitre //
    *

    PDV Florent - 
    — Mélodie. Hey, Mélodie. 

    Elle était tombée en détresse respiratoire. Tu allais devoir faire attention si tu ne voulais pas l'emmener aux urgences dans une poignée de minutes. Tu t'étais donné un mot d'ordre : si elle change de couleur, tu n'y pouvais plus rien, il lui fallait une assistance médicale plus lourde. 

    Alors tu l'avais prise dans tes bras. Quand tu es entré, elle était au sol, recroquevillée sur elle même, tu voyais qu'elle hurlait. Mais elle hurlait depuis si longtemps qu'aucun ne sortait. Elle avait hurlé à s'en esquinter les cordes vocales. 

    Alors tu restes tout contre elle, caressant ses cheveux, à lui parler pour la rassurer. Maintenant qu'elle a fini de hurler. 

    — Mélodie, écoute moi. Ça va aller ok ? Calme toi, tu vois, tout va bien. T'es chez toi, il y a personne qui va te faire de mal. 

    Tu vois qu'il est toujours ardu pour elle de respirer, et qu'elle n'arrive toujours pas à parler. Mais tu vois le bleu de ses yeux rivé sur toi, tu vois qu'elle est presque lucide. Tu sembles être en mesure de maîtriser la crise. 

    Mais il semble que tu n'étais pas là quand le pire a fait rage, tu relèves sa manche pour voir une inscription rouge, sur le dos de son avant bras : Je suis désolée. Tu espères, tu espères vraiment que c'est du feutre, de la peinture, de la sauce et pas du sang. Tu évites de passer la main dessus, tu ne cherches même pas à y désinfecter, au cas où, ni à essayer de toucher pour voir ce que c'est, en fin de compte. La priorité est de la calmer. Mélodie est infirmière, elle saura se soigner elle même le lendemain. Tu sentais que l'apaiser, ça au moins, tu saurais le faire. 

    Et en effet, c'est ce qui arriva. Tu ne parlas plus, tu es juste resté avec elle, assis dans le salon, jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans tes bras. Tu sentis étrangement que le lever demain allait être compliqué. 

    Chapitre //
    *

     Papa ? 

    — Ouais ? 
    — C'est Max qui est allé te chercher pas vrai ? 
    — Ouais. 
    — Dis, toi aussi tu es du matin ? 
    — Je suis de journée Mels, je commence à neuf, j'fini à dix-sept, ou plus. Souvent plus en fait. 

    — Oh. Je commence à six heure et demi aujourd'hui.
    — T'étais pas du soir hier, en quatorze à vingt-deux heures moins le quart ? 
    — Si mais  j'ai échangé avec James. 
    — James ?
    — Gardener. 
    — Nan. Comme dans les Tommyknockers de King ? 
    — Ouais. Il m'appelle Bobby Anderson.
    — Ah c'est pour ça que j'comprend jamais quand il me parle de toi !
    — Il appelle Maxime Hank aussi. De Détroit Become Human. 
    — Ça va, il a bon goût. 

    Il était dix heures et demi à la montre de Florent, et celle de Mélodie s'était cassée quand elle avait crisé complètement. 

    Chapitre //
    *

    PDV Mélodie - 
    Mélodie avait été appelée en urgence, pour une crise d’épilepsie dans le service gériatrique en quarantaine de grippe virulente où elle était censé travailler. Et Florent y alla à sa place, la laissant dormir. L’hôpital comprit évidement la situation, ils avaient l'habitude de cela à l'administration. Ils avaient eu Mélodie en interne après tout, et avaient connu les début de sa relation avec Maxime. Bien qu'ils ne l'aient jamais vu. 

    — J'ai faim. Furent les premiers mots que Mélodie réussi à prononcer, de sa petite voix éraillée. Alors elle se leva. Et décida de manger quelque chose, s'il y avait bien un exploit dans sa vie, c'était celui de manger. Elle avait toujours eu beaucoup de mal à manger, c'est pour ça que son père l'avait mise en régime végétarien. Quitte à lui donner du fer en comprimés. Parce que j'ai un appétit de moineau. 

    Et j'ai froid aussi. Alors je me poste devant la cuisine, un plaid sur les épaules, et j'attend de retrouver l'intégralité de ma lucidité. En attendant, même s'il est midi passé, des gâteaux et un thé fera l'affaire. Peut-être même un café tiens. 

    Dans l'après midi, j'ai reçu de nombreux appels. D'abord James, qui s'est excusé, il est venu le matin dés qu'il a sût, confiant la garde de ses enfants à sa sœur à son travail dans l'urgence. M'assurant qu'il pouvait venir en coupé, de dix-huit heure à vingt heures, si je ne me sentais pas bien. Je ne réussi pas à le rassurer avec mes mots, car ma voix était éraillée et craquante.

    — Merci Gard. 
    — À plus Bobby. 

    Papa disait qu'il avait bon goût, au moins. Mais je n'en étais pas si sûre que lui. Parce que sa femme était un peu peste, surtout avec lui. Les autres infirmières l'appelaient Abomination de la Vie, mais son vrai nom était Svetlana Gardener. Elle était russe, et ressemblait à un ourse, avec des mains plus grandes encore que la tête même de James. Mais elle était adorable, quand on la connaissait un peu. 

    Je me suis donc réveillée en douceur, tentant autant que faire ce peut de ne pas penser à Maxime. Mais c'est impossible. Comme de ne pas penser à mes trois mois de grossesse, impossible. 

    toc toc toc 

    (Ne répond pas Mélodie !) Et c'est justement pour ça que je vais ouvrir, pour faire taire les voix qui commencent à revenir. Au moins pour l'espace de quelques instants, je puisse ne pas être seule. Alors j'ai ouvert la porte, dont le revers en avait pris pour son grade hier soir quand Max l'a laissée se claquer toute seule dans sa fuite. 

    Cette réflexion me fit mal. Je savais qu'il ne reviendrait pas. Qu'il avait trop peur. Trop peur de me faire du mal à nouveau, trop peur des nouvelles responsabilités qui s'offraient à lui. 

    (Tard la nuit dernière et celle d'avant
    Toc, toc à la porte — les Tommyknockers, les esprits frappeurs...
    Je voudrai sortir, mais je n'ose pas, parce que j'ai trop peur des Tommyknockers.)

    Une légère comptine psalmodie ces mots destructeurs dans ma tête. Un Tommyknockers est à ma porte. Mais pas n'importe lequel : Celui qu'on croyait disparu, celui qui devait ne jamais revenir. Peut-être que je le savais, au fond, qu'il reviendrait. Je prenais ça pour un désire aveugle. Mais il est là. Maxime est là. Il est revenu. 

    — Mels.
    — Max.

    Il n'ose pas me regarder dans les yeux. Alors je lui souris, pour l'encourager. Je le connais par cœur. Il n'a sût où aller, alors il a vagabondé au hasard, a probablement traîné dans un bar miteux et il est revenu.

    — Comment. ehm. Tu te sens ? 
    — J'ai froid, j'ai mal à la gorge, mes yeux me piquent, je sens que je vais pleurer, j'ai mal au bras et je sens que j'ai menti à Gard quand j'ai dis que je pourrai sûrement venir travailler cet après-midi. Et toi ? 
    À quoi est-ce que ça m'aurait servit de mentir ? Maxime ne lit pas entre les lignes, mais il n'a pas à être préservé. 

    — J'ai dormi chez mon frère. 
    — Tu mens ?
     
    — Ouais. 
    Je l'avais tourné sous forme de question, pour ne pas trop le brusquer. Je ne suis pas en colère contre lui. Actuellement je ne rêve que de le prendre dans mes bras décharnés, et probablement pleins de sang, pour le consoler, le rassurer, lui dire que tout irait bien.  

    — Alors qu'est-ce que tu as fais hier soir ?
    — J'suis allé voir ton père. À pieds, j'ai pas pensé à prendre la voiture.
     Il ment. Il s'est précipité dehors sans même réfléchir, il s'est enfuit rempli de terreur.  
    — Ensuite ? 
    Ses yeux me répondent par une question : « Tu es sûre que tu veux le savoir. » Et rempli de douceur, le mien lui tient à peu près ce langage : « Oui. » Il semble ne pas comprendre, ne pas vouloir en parler. Mais je vois que même là, même à ce moment précis, même du fond de sa peur, de sa colère, de son ivresse, il continue à faire des efforts. Il ne se défoule pas sur moi. Cette idée me fait sourire un peu plus encore. 
    — J'suis allé voir mon frère. 
    Je ne dis rien. Je sais qu'il n'est pas allé voir son frère, parce qu'il déteste Axel de tout son être. Mais il n'a vraisemblablement pas envie de dire qui il est allé voir. Et je hoche la tête pour lui dire que je comprend. Lui, il croit probablement que je le pense qu'il dit la vérité. Mais peut-être pas, en fait. Il n'est pas un bon analyste, mais il me connait. Il sait qu'il ne sait pas me mentir, que je le devine toujours. 
    — Je l'ai viré de là, je l'ai enfermé dehors, j'ai vidé toutes ses bouteilles d'alcool, de la bière à la gnôle. Et j'ai tout pété chez lui. 

    — Et cette plaie sur ton front ? 
    — Ton père veut plus que je t'approche.
     Je comprend mieux l'odeur d'alcool et tout ce sang. Au moins, il n'a pas risqué de se tuer. Mais si papa le voit ici, je sais qu'il ne lui fera pas de cadeau. 

    — Viens, je vais te soigner ça. Il vomi et se retrouve à genoux pour réponse. Je m'assoie à côté de lui, lui caressant le dos alors qu'il termine de détruire notre parquet. Il tremble comme un enfant qui vient de vomir sur sa mère. Il a vraiment l'air vulnérable. Mais je sens surtout qu'il va se mettre à pleurer. Et je sais qu'il déteste ça. Alors je laisse tomber provisoirement la désinfection de sa plaie et je le prend dans mes bras, cachant son visage contre moi, pour le laisser loin des regards qu'il sent consentement sur ses épaules. Ces regards qui le jugent faible, pitoyable, pas crédible. 

    Je sais que même s'il voulait m’enlacer à son tour, ou juste pleurer contre moi, il ne le pourrait pas. Mais au moins, il sait que je suis là. 

    — Ça va aller Max. J'attend un peu, je sais qu'il ne répondra pas, mais j'imagine qu'il va au moins se calmer. Peut-être se rassurer un peu. 

    Mais je le sens glisser soudain contre mon épaule et s’effondrer pitoyablement sur mes genoux, son crâne frappant le parquet violemment. Il ouvrit les yeux et essaya de les garder ouverts, mais ils se refermèrent d'eux même. Je m'attendais à tout sauf à ça. Une pointe de culpabilité se fit sentir. Et un frisson me parcourut. 

    Chapitre //
    *

     — Oh merci c'est adorable. La mère à Maxime était venue. Elle s'était inquiétée pour son fils, sachant ce qui était arrivé. Confirmant sa version, il était donc bel et bien allé chez Axel. 

    Elle était venue s'assurer que Maxime allait bien, elle n'était pas au courant pour ma grossesse, ni de ma crise de la veille, enfin jusqu'à ce qu'elle soulève ma manche. Aïko Lihal avait travaillé pendant des années en tant que cadre santé en Ehpad, maison de retraite, alors elle connaissait tout les gestes et m'avait aidée à me changer alors que ma tête tournait. Elle a même rappelé Gard pour lui confirmer que je ne serai pas là aujourd'hui. J'ai crains le pire quand elle a parlé de prévenir, je pensais qu'elle préviendrait Papa, mais elle n'en a rien fait. Elle sait qu'il doit en vouloir à Maxime. Alors elle préfère ne pas l’importuner. 

    — Mon Dieu, Mélodie, tu t'es blessée ma chérie. C'était donc si terrible que ça ? Mon Dieu Axel était mort d'inquiétude pour son frère, et pourtant ils se sont toujours détestés ces deux là. Voyant que je ne répondais pas, elle désinfecta ma plaie, l'enveloppa parce que « Si maxime voit ça, il va piquer une crise. », et me recouvrit d'un plaid. Elle proposa même de nous préparer à manger, chose que j'ai refusée, et elle m'a raccompagnée aux côtés de mon conjoint, endormi sur le divan. 

    J'ai souris jusqu'à ce qu'elle soit dehors, puis j'ai fermé les yeux, laissant ma tête reposer lourdement sur le côté, ramenant le plaid jusqu'à mon menton et cédai au sommeil. 

    Axel, en personne, a appelé. C'est Maxime qui me l'a dit car il a appelé quand je dormais. Je n'ai pas la moindre idée de l'heure qu'il est. Je me suis réveillée, parce que j'ai faim, encore, Maxime est toujours sur le divan, en train de lire. Comme si nous étions revenus à la nuit dernière. 

    — J'ai faim, tu veux manger quelque chose ? Demandé-je en me levant. Il commença par dire non, mais changea vite d'expression lorsque je suis tombée à la renverse. Il a bien sûr fallu que je me cogne au coin de la table. J'ai mal, j'ai toujours aussi froid, j'ai mal à la tête, j'ai faim, et j'ai mal au ventre, mais je me sens étrangement bien. Parce que Maxime est là. Il est revenu. Il ne se sent toujours pas prêt, mais il assume. Il ne m'abandonne pas. Alors tout va bien. 

    — Ouais. J'ai faim moi. J'te ramène un truc attend. 

    Me voyant galérer pour me relever et aller sur le canapé, il m'offrit son aide exceptionnelle. 

    Chapitre //
    *

    PDV Flo -
    Les jours passèrent et Mélodie se sentait mieux. Tu étais vraiment heureux de ce renouveaux. Ta fille ne faisait plus de détresse respiratoire, n'étais plus angoissée, elle n'avait jamais été aussi sereine aussi longtemps qu'elle avait été épanouie et efficace en tant qu'infirmière. Elle avait même géré une obstruction totale avec calme et discipline, suivant à la lettre son protocole. 


    Tu étais fier d'elle. Vraiment très fier d'elle. Et Maxime n'était pas vraiment aussi pollueur qu'il ne l'avait laissé entendre au début de la grossesse de Mélodie. Tu l'avais même surpris en train de sourire, et de parler gentiment, et pas nécessairement à Mélodie. Pour la première fois, ton gendre t'avait sourit. Et tu avais répliqué du même sourire heureux. Pour une fois dans vos vies, vous aviez des raisons, de vraies raisons, d'être heureux. 

    Il est vrai que quand tu l'as vu, ce.. Ce bâtard. Tu l'as à nouveau frappé. Tu aurais pu le tuer si Mélodie ne t'en avait pas empêché. C'était inacceptable pour toi qu'il approche à nouveau Mélodie après ce qu'il avait fait. Sauf que ta fille avait l'air heureuse, sereine, confiante. Et lui paraissait responsable. Il était plus posé, moins agressif. Alors qu'elle montait en stress, notamment lors de ses nausées matinales, il était là. Il était patient. Il n'était pas spécialement tendre avec elle, mais le peu qu'il faisait la rendait si heureuse que personne n'aurait pu séparer ces deux là. 

    Une fois, alors que tu rentrais pour ausculter la futur maman, tu as vu que Maxime avait accepté, miraculeusement, que Mélodie l'approche. Ils étaient dos à dos, tout deux plongés dans leurs lectures, et s'étaient endormis ainsi, dos contre dos, la tête reposant sur le dossier du canapé.

    Ta fille a rarement eu un visage si détendu. Si heureux. Parce qu'elle l'est, elle le dit, mais elle ne ment pas. Elle n'a même pas espoir, elle est simplement heureuse. Et même Maxime, avait rarement eu l'air aussi bien. Bien dans sa peau, bien dans sa vie. Tu savais qu'il cachait sa peur, sa colère, mais s'il haïssait Mélodie pour ça, il le cachait bien. 

    Au bout de 6 mois, ils refusent encore de savoir le sexe du gamin. Mais les échographies montrent qu'il, ou elle, est en bonne santé. Ils ne se sont décidé pour les prénoms qu'au bout de 8 mois, leur entourage n'en pouvait plus d'attendre. Et Mélodie continuait de venir parfois à l'hôpital, juste pour quelques heures. Et était chassée automatiquement. Même si ses patients du service gériatrique était vraiment heureux de voir une jolie femme enceinte venir prendre leur tension. Mélodie n'a plus rien de la réputation de fragilité qu'elle avait. Rares sont ceux qui se rappellent qu'elle a un lourd traitement contre la schizophrénie. Et cela ne la rend que plus heureuse encore. 

    — J'y crois pas, même enceinte elle a prit que quoi.. une vingtaine de kilos ? Mels tu fais soixante-cinq kilos, ton père râle pas un peu ?  Avait dit Gard une fois en la soulevant délicatement, pour voir si c'était toujours la plume qu'elle avait toujours été. Avec sa grossesse, elle faisait presque un poids normal. Et tu espérais secrètement qu'elle ne perde jamais ce poids car il était précieux. Tu la surveillais étroitement, car sa grossesse n'était pas sans risques. Non seulement elle a une maladie psychiatrique envahissante mais en plus elle est beaucoup trop en sous-poids. Et elle même n'aime pas ça. Pourtant, bien des résidents du service gériatrique où elle travaille, et même leurs famille — après tout, elle a commencé en tant qu'Aide-soignante — lui donnent toujours quelques douceur pour la remercier de sa douceur et de son investissement. 

    Et toi, Flo ? 

    Toi, tu es toujours le même. Mais en mieux. D'après Mélodie. Il n'y a plus une trace de ta période d'instabilité. Tout ceci ne semble être qu'un rêve, un magnifique rêve. Mais quand tu penses au cauchemar qu'ont vécu les deux futurs parents, tu te dis que ça ne peut que être provisoire. 

    Tu as réalisé cela quand un Maxime pâle comme la mort reçu dans ses bras un nouveau-né. Tu n'étais pas là, tu attendais dans la salle d'attente. Laissant apparaître un visage plus calme et neutre que ce que tu étais intérieurement. Mais tu l'as vu, ce visage, en vidéo. Parce que James Gardener avait été autorisé à filmer, au lieu d'assister la sage femme et l'infirmière. Après tout, "c'est un infirmier, ils prennent soin de leurs infirmiers à Princeton Plainsboro et c'est sa Bobby qui accouche là"

    Chapitre //
    *

    PDV Mélodie -
    Tracy la pose doucement dans ses bras, il commence à trembler comme une feuille. L'infirmière propose de la reprendre, mais il refuse, disant que tout va bien. Qu'il ne la ferait pas tomber. Répétant que tout irait bien. Sans être agressif, on entend sa voix vibrer d'émotions confondues. Je suis sûre qu'il le les comprend pas. Il sourit un peu plus franchement, regardant autour de lui comme si on l'épiait. Son sourire tremble, il a peur. Mon dieu qu'il a peur. Il rembarre, presque gentiment, du moins gentiment à la Maxime, la sage-femme qui essaye de le rassurer.

    — Salut, William. Dis-je. L'enfant pleure, et sa mère avec. Je rie et je pleure en même temps. C'était à ne rien y comprendre. Puis je regarde Maxime, et je vois qu'il sourit timidement. Il est pâle comme la mort, certes, mais il sourit, et je vois dans ses yeux qu'il est, certes terrifié, mais aussi heureux. Il y a dans ses yeux un torrent d'émotions composées, qui harnachent les unes aux autres et se défragmentent pour se reformer.

    — Hein Mels, ça va aller ? Et je lui ai souris en retour. Oui, tout ira bien. Je le lui avais dis. Et il me croit maintenant. Il a peur, mais il est là, et il restera là. Comme la personne formidable qu'il a toujours été.

    Chapitre //
    *

    J'ai dû rester à l'hôpital en observation pendant encore plusieurs jours. On ne savait jamais, ma grossesse avait été à risque. Maxime a donc obtenu gain de deux jours de congé consécutifs. Et il les a passés avec William et moi. Prétextant qu'il n'y avait rien à faire, tout seul à la maison. 

    Sauf bien sûr préparer l'arrivée à la maison de William et la mienne, prévenir les intéressés de ce qu'il se passait, et répondre au probables 362 coups de téléphone que laissaient les gens, pour nous voir. Et surtout voir William. Et pour ma jolie-maman, voir son fils évidemment. Je suis sûre que même Axel a appelé. 

    Il est une chose fascinante qui se passe dans nos tête. Alors que Maxime a tout de suite intégré Williamdans sa tête, dans sa vie, dans ses responsabilités, je ne semble toujours pas réaliser que la mère de cet enfant, c'est moi. Et puis il y a les voix. Mon traitement a dû être réduit pour que j'allaite William sans risques médicamenteux pour sa santé. Évidemment Papa et Maxime avaient été contre. Mais merde aux traitements. Ce petit ange a besoin de moi. 

    Chapitre //
    *

    Maxime vient de reprendre le travaille, et je suis rentrée à la maison avec William. Je prépare son biberon alors que le jeune père est assis sans bouger devant le berceau, il se berce lui même en berçant son fils. Puis alors qu'il vient chasser un brin de pollen de sa joue, la toute petite créature attrape son doigt. Elle semble refuser de vouloir le lâcher. 

    Bien sûr, je ris de cette situation. Parce que Maxime commence à paniquer. Faisant au passage s'agiter la petite dans son berceau. Dont déjà des boucles noires se voient. Ses yeux sont bleus, mais je me demande s'ils vont le rester. 

    — M-Meeels !

    Je m'approche, biberon en main, et je passe une petite main douce dans les cheveux du rouquin. 

    — Calme toi Max, c'est un réflexe qu'ont tout les nouveaux-nés. Tu veux en voir un autre ? 

    Il me regarde soudain. Ses yeux brillent. J'ai piqué sa curiosité. Il s'écarte et me laisse passer. Que je lui montre. 

    Je prend donc notre fils dans mes bras, et je laisse ses jambes dans le vide. Montrant ainsi le réflexe de marche. 

    Ce jour là, Maxime est parti avec une demi-heure de retard. Cela fit peur à Mélodie. C'était la première fois qu'elle restait seule à la maison avec William. Mais.. Tout se passa bien. Après ce jour, j'avais moins de mal à me faire à ma situation de mère. 

     

    Chapitre //
    *

    Je pense que chaque nuit, je revis ce moment. Ce moment si magique qu'il en devient presque illusoire. Pourtant l'enfant dans son berceau me le rappelle. Ce n'est pas un rêve. Ou plutôt si, c'est un rêve, mais il est réel. 

     Salut William. Dit-il. L'enfant pleure, et sa mère avec. Je rie et je pleure en même temps. C'était à ne rien y comprendre. Puis je regarde Maxime, et je vois qu'il sourit timidement. Il est pâle comme la mort, certes, mais il sourit, et je vois dans ses yeux qu'il est, certes terrifié, mais aussi heureux. Il y a dans ses yeux un torrent d'émotions composées, qui harnachent les unes aux autres et se défragmentent pour se reformer.

    Un flash le frappe soudain. Mais la scène est différente : cet enfant là est très silencieux. Ça fascine Tracy. Le bébé pleure, il respire, mais aucun son ne sort de sa bouche. On le pense alors muet. Aucun des deux parents n'est attristé. Comme s'ils savaient que les pleures sauvages d'un enfant pouvaient déclencher une catastrophe. 

     Hein Mels, ça va aller ? Et je lui ai souris en retour. Oui, tout ira bien Max. Je le lui avais dis. Et il me croit maintenant. Il a peur, mais il est là, et il restera là. Comme la personne formidable qu'il a toujours été.

    Mais cette fois, comme interrompus dans le cours du temps, Maxime se figea. 

    Une fois à la maison, tout se passa au mieux. Le petit William était silencieux. Il s'avéra quelques années plus tard qu'il ne l'était pas. Finalement. 

    Mais l'enfant qu'ils avaient connu sans le connaître était bien différent de cet enfant là. Déjà parce que c'était un petit garçon, mais également parce qu'il ressemblait à son père. Il n'arrivait pas à montrer ses émotions. Sa mère voyait les démons, arrivait à les calmer, mais il ne montrait que rarement des émotions. 

    Puis il a fini par vivre comme dans son propre monde. L'enfant ne supportait plus son prénom. Alors Mélodie commença à l'appeler Punpun. Et ça a marché. Il était content. Il ne le montrait pas. Mais il était content. Mélodie le savait. Alors Maxime lui faisait confiance. 

    William, comme son homonyme tantôt disparu, ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa mère. Mais comme pour signifier que ce qui avait été fait ne se reproduirait pas ici, ses cheveux restèrent bouclés, mais ils se teintèrent de roux. Du roux de son père. Et ses yeux devinrent d'un bleu.. Électrique. 

    Même en grandissant, il ne ressemblait pas à sa sœur jamais née. Il a 15 ans maintenant, et il ne prononce toujours pas le moindre mot. Il est toujours aussi neutre, il ne fais jamais des choses par intérêt, et c'est un grand curieux. Très, très silencieux. Il vit un peu moins dans son petit monde. Maxime a manqué de gueuler quand il ne lui lança pas son fameux "regard de la mort" alors qu'il l'avait appelé William. Il lui avait signifié d'un signe du menton que.. Maintenant, c'était bien. William, finalement. 

    Willy s'est très vite avéré être un cancre, à l'école. 

    Non. C'est une blague. 

    Elle est drôle hein ? Mélodie lui a fait le coup à son premier trimestre de collège. 

    ... Mélodie n'a jamais été très douée pour faire des blagues. (Mais elle est en vie, putain. Elle est en vie) 

    Willy est non seulement assidu, bien trop habitué à la colère de son père, il est très (trop) obéissant, mais il en plus, le fait sans grand effort. Il fait parti de ces gens que Maxime a toujours hait. Il réussissait, sans le moindre effort. Son gamin est une tête. Mais une tête. Ça lui était insupportable. 

    Jusqu'au jour où William s'en est aperçu. Parce qu'à défaut de pas parler, il observe, le petit Willy. Et il a commencé à faire exprès de rater. Sa moyenne est passé de 18 à 12. Il avait calculé ? Maxime se l'est toujours demandé. 

    William a fait ça toute sa 5em. Puis Maxime a posé une main sur son épaule. Il a remarqué soudain qu'il était frêle. Mais surtout qu'il était grand. À 15 ans, il dépassait largement sa mère et faisait la taille de son père. Ça le déstabilisa. Surtout que William avait sursauté. Il n'avait plus l'habitude. Mélodie n'avait jamais eu peur de lui. William, si. Il avait sur le visage cet air renfrogné, un peu caché, mais moins que d'habitude. Putain, son propre fils avait peur de lui. 

    La colère se mit à écumer en lui. Son visage se durcit. Et William se libéra. Il ne s’excusa pas. William ne s’excusait jamais

    Burning melody - Time line alternative

    Maxime se calma instantanément. Ce signe voulait dire « Je suis désolé ». Et maintenant William le regardait, il attendait ce qu'il avait à lui dire. Le visage redevenu parfaitement neutre. 

    — T'es bon élève non ? Alors reste le, pourquoi tu fais ça ? Dit-il simplement.
    « Tu seras infernal avec moi, tu aimes pas ceux qui font pas d'efforts. Alors j'en fais. »

    — Mais pas dans le bon sens Willy. J'aime pas tout ces conn— 
    — MAXIME ! Mélodie n'aime pas les injures devant Willy. Elle était monté instantanément dans ses aiguës improbables. 
    — Ces personnes qui s'en sortent sans rien fout-.. Faire. Mais t'es mon fils, donc ça me dérange.. Moins. 

    Et voilà que William le regarde avec ses grands yeux bleus. Déjà à l'époque, ses cheveux avaient des reflets cuivrés. Ses yeux étaient bien plus prenants depuis qu'il avait troqué ses lunettes pour des lentilles. Maxime avait du mal à s'y faire. 

    Il retourna à sa chambre, et s'installa à son bureau. Il corrigea son devoir maison. Et il eu 18. Dommage qu'il ai toujours écrit comme un toubibe. 

    En parlant de toubibe. Il veut être psychologue. 

    Celle-là, c'est lui, tout seul, qui nous l'a pondue. Psychologue en pédiatrie. William, psychologue, avec des mômes. Dit comme ça, c'est pas crédible. Mais Maxime et Mélodie y ont presque cru. 

    Alors il s'est lancé dans l'ornithologie. Il aime beaucoup les oiseaux (et surtout Max Bird). Son premier doudou ayant été un corbeau, ça a dû aider. Par ailleurs, il le cache, mais il dort toujours avec. Il l'a appelé Max.. 

    Le jour où il a apprit que Max Bird s'appelait Maxime, comme son père, ça a été le plus beau jours de sa vie. Il en a presque sourit. Mais il en faut BEAUCOUP pour faire réagir William. 

    Et puis.  Un jour. 
    Une frêle corneille offre au monde un léger "cui cui". Il déforme complètement son bec pour obtenir une grotesque mascarade. Mais une mascarade dont celle qui la contemple s'émerveille. Celle qui contemple le sourire du passereaux s'en sent même enivrée de bonheur.

     Ce petit moineau devient si grand qu'il ressemble plus à une corneille qu'à un véritable moineau. Il était passereau, il devient corvidé, cela fait de lui un oiseau de mauvaise augure, pour n’importe qui. Sauf pour sa mère.  La corneille un peu morose n'a certes rien dit, encore, mais Mélodie préfère voir ce sourire heureux qu'entendre grincer une voix mécanique, ruinée par la rouille de son silence. Elle refuse de croire que lorsque son fils parlera enfin, tout le monde grincerait des dents tant le spectacle mêlerait nonchalamment le grave et la rareté de sa voix.  Le garçon corvidé songeait quant à lui à l'alléchante nouvelle qui l'avait fait sourire spontanément. Une nouvelle qui s'appelait "Rebbecca".

    Les mois qui suivirent l’événement, on appréhenda que la nouvelle fille du couple ne soit aussi "muette" que le garçon, ou aussi rustre que le père et le grand père. Ou hériterait des troubles psychiatriques de la mère.

    Elle naquit cependant avec un sourire aussi beau que celui de son frère, même si elle hurlait comme une alarme au moment-dit, et sourit dans les jours qui suivirent. Mascarade qu'il ne renouvela cependant pas quand leur père lui confia la petite.

    Pourtant, l'éclat que révéla le bleu de ses yeux trahit les émotions qu'il cachait. Il lui dit bonjour à sa façon, et elle lui répondit à la sienne : par un réflexe de préhension.

    Rebbecca était telle qu'elle avait été avant de disparaître. Mais si son frère était un noireau penchant vers du roux, elle était brune. Avec des yeux bruns aussi. Un brun claire, il faut le dire assez surprenants. Elle avait les yeux de son père. Tout le monde a été déçu. Parce que le physique de Mélodie, et de William, est bien plus attirant. Max était.. Simple ? Mais, une personne a bien entendu été comblée : Mélodie.

    À 15 ans, Becca faisait 1m50. À cette époque là 31 ans, William faisait 2m10. 


    Il ne parle toujours pas. Il n'aime toujours pas qu'on le touche. Il continue d'agir pour satisfaire un peu tout le monde.... Au moins il a accepté de vivre dans un monde dont il n'est pas le centre.

    Becca devint prof de sport.
    William devint ornithologue. 

    Chapitre //
    *

    Un jour. Quelqu'un a ramené un homme à la maison. 

    Ce n'était ni Mélodie, ni Rebbecca. C'était William.

    Tout le monde s'en est foutu. 

    Le gamin parlait pas non plus. Il s'appelait Romain, sa mère travaillait avec Mélodie. Le petit était autiste (et il l'est toujours d'ailleurs, étonnant hein ?). Ça doit être pour ça que Willy s'est si bien entendu avec lui. Ils ont gardé cette amitié pendant des années, et elle continue aujourd'hui, ils coopèrent pour écrire un livre. William a aidé Romain pendant toutes ses études. Il lui a notamment apprit le langage des signes. 

    En vérité, hors son meilleur (et seul) ami, William a eu un crush. Un petit ami, Sylvain. Ça a duré 2 mois.

    Chapitre //

    — M'an ? 

    J'ai crié. 

    C'est ce que j'ai toujours attendu, mon fils vient de me parler. Il vient de me parler. Mais ce qui devrait ressembler à un merveilleux rêve est en réalité un affreux cauchemar. William a parlé, certes, mais il est surtout en train de pleurer

     Mon fils, qui ne montre d'habitude aucune émotion franche, est en train de pleurer ? Je ne comprend pas. Et William le sait. Je le sais. Et il déteste ça. Je le sais. Il déteste ne pas être compris, il déteste ce qu'il ressent dans sa poitrine. Je le sais, je le connais. C'est mon fils, merde. 

     J'approche doucement, une lentille menace de tomber, je me doute qu'il a essayé de les enlever. J'approche doucement ma main de lui, et retire cette demoiselle irritante, trempée de larmes. Ça me fait mal au cœur de voir qu'il ne rejette pas ma proximité. 

    Je réalise à quel point il est grand. Mon petit William. Il a 18 ans, il vient de passer son bac, mon petit William, mais il dépasse les 2m et commence à avoir de la barbe. Mon petit William hein ? Haha. 

     Je suis bien petite face à lui, mais je suis sa mère, et je prend mon fils dans mes bras. Pour le consoler. « Ça va aller Will » dis-je, comme j'ai dis à Max, un jour, en le prenant dans mes bras ainsi. Je le sens se détendre dans mes bras. Il est rassuré de ne pas avoir à dire ce qui ne va pas. 

    Il n'y a personne à la maison. Rebbecca est au basket, et Max est encore au travail. Ils rentreront ensemble, ce soir. D'habitude, William attend que sa soeur ai fini à la médiathèque et ils rentrent tout les trois, quand Maxime a fini de travailler. Mais aujourd'hui, Will n'a pas voulu y aller. Nous pensions que c'était parce qu'il avait rompu avec Sylvain depuis peu, et ne lui en avons pas tenu rigueur. 

    Je propose néanmoins un goûté bien garni. Nous mangeons ensemble les pancakes devant Kaamelott. Alors que William se mur doucement dans le silence, je tente de panser des plaies dont je ne connais pas l'origine. 

    « Allô ? Gard ? - Comment ça une urgence ? Mais je travail à la gériat- Quoi ?! Il y a William à la maison, je peux pas- Non je ne l'amène pas avec moi aux urgences, non. Non Gard. »

    J'ai dû me résoudre à y aller, il y avait eu une fusillade et bon nombres de blessés étaient à déplorer. J'ai proposé à William de venir. Il a dit que non, mais le regard qu'il avait m'a vraiment fait mal. Alors je l'ai emmené avec moi. 

    À l’hôpital, nous avons donné une charlotte à Will, et Gard lui a prêté une blouse. Étonnement, il nous a aidé aux urgences. Il refusait catégoriquement de communiquer depuis qu'il m'avait parlé, il se renfermait à moitié dans son monde, là où il était au centre. Au contrôle de tout. Mais il aidait comme il le pouvait. Ses 2m de haut et son visage renfrogné faisaient quand même bien leur effet d'agent de sécurité, je dois dire. 

    Puis, j'ai compris. 

    Quand j'ai vu Sylvain. Il faisait parti des victimes, mais des victimes qui étaient déjà à la morgue à attendre une autopsie. 

    — Mon grand, je m'appelle Mélodie. Tu veux bien me dire ce qu'il t'est arrivé ? 
    — On s'est fait tirer dessus madame. Moi c'est Lucas. 
    — D'accord Lucas, ne t’inquiètes pas, tout va bien maintenant. Dis moi, est-ce qu'ils peuvent encore s'en prendre à quelqu'un ? Est-ce qu'ils cherchent quelqu'un ? 
    — Pourquoi vous demandez ça ? 
    — Savoir s'il y a des personnes en danger Lucas. C'est important de les protéger, si c'est le  cas, il faut que tu me le dises. 
    — Non, ils ont été arrêtés, et ils ne nous ont tiré dessus parce qu'on pouvait pas leur donner ce qu'ils voulaient. Ils ont tué notre "chef" et ça les a calmés.. 
    — Lucas, votre chef, c'était bien Sylvain ? Pas vrai ? 
    — .. Oui M'dam..
    — Mon fils est son ex-petit ami. Lucas, répond moi honnêtement, est-ce que mon fils est en danger ? 
    — Non Madame, je vous promets, il risque rien ! William c'est un type cool, il risque vraiment rien !

    Rassurée, j'ai terminé de panser les plaies du jeune homme, et je suis retourné voir mon fils. Il était assis devant une nuée d'enfants, ceux de la salle d'attente et qui attende généralement leurs parents, je pense qu'il les aidait pour leurs devoirs.. 

    Je pose doucement une main dans son dos, il sursaute, mais son expression se radoucit quand il me voit. 

    — Il s'appelle William, les enfants. Oubliez pas de le remercier d'accord ? 

    Le soir, dans la voiture. William refuse toujours de communiquer. Je vais en parler à Maxime ce soir, je ne sais pas vraiment quoi faire... 

    Finalement, William a refusé de communiquer pendant quelques mois. Puis il a souhaité un joyeux anniversaire à son père, en langue des signes. Il parla ensuite, comme il l'avait toujours fait. Comme si tout allait vraiment mieux. 

    Je ne sais pas si ça va vraiment mieux. Mais il a l'air d'aller bien. 

    Alors. Tout va bien. 

    Chapitre //
    *

    Mélodie faisait souvent des crises. Mais aucune n'a été aussi violente que celle de ce jour-ci. Ce jour dramatique. Elle a eu le combo. L'ultime combo. Son fils ne l'avait jamais vue ainsi. Cette nuit a changé beaucoup de choses. Pour lui, pour sa mère, pour son père, pour sa sœur. C'est le jour où Gard a eu un accident de voiture et a été tué sur le coup. 

    Je m'en rappellerai toute ma vie. Maxime et William absents pour x ou y raison. J'étais seule avec Rebbecca. On avait tous tendance à oublier que je pouvais faire des crises si terribles que celle-là. J'ai entendu la porte se fermer délicatement. Maxime avait l'air inquiet. Ça ne m'a pas rassurée. Il avait peur de me laisser seule après ce qui était arrivé à Gard. 

    (10)

    J'avais un peu peur. Bon, en réalité, une fois la porte fermée derrière un Maxime serein, j'étais morte de peur. J'ai tremblé un peu, puis j'ai donné à manger à Rebbecca, ça allait mieux. Mais je n'étais pas sereine. 

    Vraiment pas sereine. 

    Comme le jour où j'ai dû lui annoncer le diagnostique de mon père, j'avais aussi peur que ce jour là. Mais ma peur s'intensifia à chaque petit mouvement de Rebbecca, malade dans son lit. Comme si elle pouvait mourir là entre mes mains. J'en étais revenuie à sa naissance. Ma si précieuse petite fille. (9) Cherchant une mère qui ne la reconnaissait toujours pas. Qui ne s'assumait toujours pas. Comme il était arrivé à Geoffroy Entzunden, un ami à moi de qui j'étais très proche. 

    Plus la soirée approchait, plus j'étais pétrifiée. Je n'arrivais plus à répondre à mon téléphone, à tel point que mon père s'est inquiété et a proposé de venir. 

    Mais j'ai refusé. Parce qu'il était en déplacement en Ohio. (8)

    Puis j'ai entendu les aboiements. Ceux d'un Saint-Bernard. Ceux de Sumo. Les aboiements d'un Hank Anderson désespéré. Et d'un Connor qui n'existe même pas. Qui se demande ce qu'il se passe. 

    J'entendais le Saint-Bernard des périodes instables de mon père. « Hung pictures of stars in my wall. To remind me that I am a fool. » , comme il chantait parfois. 

    Derrière les aboiements déchaînés de ce chien, j'ai chanté comme mon père le faisait quand ça n'allait pas, qu'il se sentait partir vraiment loin dans la folie. 

    « Hung pictures of stars up on my wall.

    To remind me that I am a fool
    Tell me where I came from, what I will always be:
    Just a spoiled little kid who went to be mommy.

    When I am dead, I won’t join their ranks.
    Because they are both holy and free
    And I'm in Ohio, satanic and chained up.
    And until the end, that’s how it’ll be.

    (7)

    I said "make me love myself, so that I might love you".
    Don’t make me a liar, because I swear to God.
    When I said it, I thought it was true.

    Dear Maxime told me not to worry about you.
    But he’s got his own things to deal with
    There’s really just one thing that we have in common:
    Neither of us will be missed.

    A Saint Bernard sits at the top of the driveway.
    You always said how you loved dogs
    I don’t know if I count, but I'm trying my best.
    When I'm howling and barking these songs. »

    J'ai mis mes mains sur mes oreilles. Je me suis recroquevillée sur moi même. Il y a du bruit. Il faut des travaux à côté je pense. (6) Rebbecca crie. Elle pleure. Elle doit avoir faim. (5) Elle doit demander sa mère. Mais elle crie que je ne suis pas là. Elle crie pour me demander où je suis. Rebbecca, je suis là mon ange, je suis là ? Tu ne me vois pas ? Je suis là. Je suis là. (4..)

    « Tu n'as pas pris tes
    médicaments Mélodie. »

    Me dit une autre voix. J'ai peur. Alors je mets mes mains sur mes oreilles en pleurant. Mais ça ne fait que plus de bruit encore. J'ai mal à la tête, et je commence à avoir la nausée. Rebbecca recommence à crier à l'aide. "Je croyais que tu étais courageuse Mélodie ?"  (3-2-1!)

    Je me suis mise à hurler à mon tour.

    Chapitre //
    *

    PDV Florent -
    Mélodie était arrivée aux urgences à une heure précise. Rebbecca était à la maison toute seule. Maxime n'avait pas fini de travailler, mais on l'appelait vainement. La grand mère était venue aussi vite que possible. 

    Tu étais toujours dans l'Ohio. Mais plus pour longtemps. Car personne ne peut t'empêcher d'aller voir ta fille malade. Hein Flo ? 

    Tu sens l'instabilité revenir, et en courant. Tu entends un Saint-Bernard aboyer. Tu pourrais même le voir, si tu n'étais pas dans le déni le plus total. 

    Tu essayes d'appeler Maxime, mais il ne répond pas. En même temps, il ne répond non seulement pas aux numéros inconnus, mais en plus il ne répond pas au téléphone tout court habituellement. 

    Alors ta fille attend ton retard sagement. Elle doit être silencieuse, ou chez elle avec les pompiers, ou aux urgences à attendre que son père et son mari ne reviennent. Elle a pas pu laisser Rebbecca toute seule. Elle a pas pu laisser Maxime se faire du soucis. Elle a pas pu te laisser te faire du soucis. 

    Pourtant, tu le savais non, Flo ? Tu savais intimement qu'elle allait faire une crise, et pas des moindre dés l'instant où elle serait seule.

    Raisonne au loin un aboiement. « Lonely, lonely, I’ll be lonely, If you leave me like before. All forbidden in name only, There’s no limit anymore. »

    Un poids de culpabilité s'abatis soudain sur tes épaules. Et il ne s'en fit que plus important que Maxime est arrivé, presque en même temps que toi. 

    — C'est James, il est venu m'chercher. Qu'est-ce qu'il se passe Florent ?
    — Maxime, j'entend à ta voix que tu le sais déjà. Je détruis tes espoirs mais oui, elle a bien fait une crise. Une grosse crise. Elle est arrivé ici en détresse respiratoire. Et Rebbecca est avec ta mère. C'est elle qui l'a trouvée. 

    Celui-ci vint justement vous voir. Et devant vos yeux en colère, mais sûrs d'eux. Il ne put dire la tragique vérité. Gard fondit en larmes, parce que sa Bobby était morte. 

    Tu ne pris pas la peine de le consoler. Lui et son gendre se retrouvèrent au bar le plus proche : chez Maxime et Mélodie. 

    Les deux se servirent une bière, et se regardèrent dans les yeux. Alors comme ça c'était vrai ? Tu tournes le bleu de tes iris vers le parquet, abîmé par la bile qu'avait déversé Maxime quelques mois auparavant. Là où Mélodie lui avait assuré que tout irait bien. Il y a un Saint-Bernard, qui te regarde Flo. De ses yeux comme vides. Il ne dit rien. Il n'aboie pas. Il est juste là. Pour se délecter de quand tu vas complètement perdre les pédales. 

    Tu regardes Maxime, comme s'il regardait son propre Saint-Bernard. Ou peut-être est-ce une âme à la Undertale en train de se remplir d'une émotion incontrôlable, pour le faire céder. 

    "U.N. Owen was Her?" raisonne dans l'air. Et la folie s'emporte dans l'air. Lequel sera le premier à écorcher l'autre ? Un clique droit et elle tourne en boucle. "Ready ready, are you ready ?
    One more round of hide-and-seek. Make this match a good match for me. I don’t need a friend who’s weak."

    Tu sais ce qui est drôle Flo ? C'est que c'est toi le premier à craquer. Mais qu'est-ce que tu as donc fais Flo ? 

    Analyses Flo. Hein Flo ? Ça va être drôle d'analyser ça. Comment peut dégénérer un vieux médecin généraliste de 54 ans ? Hein Flo ? Comme tu fais tout le temps. Hey Flo, analyses ! Vas-y Flo, Analyses ! 

    « Oh my soldier, where are you hiding?
    Mirrors within mirrors all around, and no reflection cast.
    Your misguiding makes it exciting:
    I can’t even tell what I’m looking at!

    Oh my soldier, where are you going?
    I should know that this is the kind of place that can’t be left.
    Like fresh blood, once spilt, gets to flowing:
    Our little game isn’t over yet. »

    Tu aurais pu saisir le cou de Maxime et serrer jusqu'à ce que ton talent de médecine avancée et d'observateur invétéré ne t'affirme qu'il ai périt pour ce qu'il avait fait. Peu importe ce qu'il a fait de toute manière, Hein Flo ? Vous êtes tout les deux responsables. 

    Pourquoi trouver des raisons, puisque vous savez que vous êtes coupables, autant l'un que l'autre ? Hein Flo ? 

    Regarde le. Il va craquer. Mais tu seras le premier. Hein Flo ? Alors analyses encore, qu'est-ce que t'aurais pu faire, Hein Flo ?!

    « Re, la, mi la, la fa fa sol la sol si re mi fa mi fa mi do la do sol la fa. »

    Tu aurais pu te mettre à chialer tiens. T'aurais pu balancer ta bière à l'autre bout de la pièce. Puis ta chaise et la jeter ma la fenêtre. 

    Mais Hey Flo, qu'est-ce que t'as fais, Hein Flo ? 

    T'as pas chialé, t'as pas gueulé, t'as pas été violent, t'as pas été agressif. Alors t'as été quoi ?
    Hein Flo ? 

    Hein Flo ? 

    T'as fais quoi toi, Flo ? Hein Flo ? T'as regardé Maxime. Et après Flo ? Qu'est-ce t'as fais, connard ? (T'as c'que tu mérites enculé.)

    T'as éclaté de rire Flo. Et Maxime t'a suivit. Vous avez tout les deux rit à gorges déployées. Vous avez ries à vous en déchirer les poumons. (You get what you fucking deserve.)

    BANG !

    La chaise virevolte et se brise contre un mur. Et Maxime t'imite, et la bière fait un beau baptême de l'air et s'écrase contre la tv. Murray pourrait y crever que vous verriez que dalle. Hein Flo. 

    OUAF!

    « A Saint-Bernard sits a the TOP OF THIS GODDAMN HOUSE.

    YOU'D ALWAYS SAID HOW YOU LOVED DOGS!

    I DUNNO IF I COUNT, BUT I'M TRYING MY BEST!

    WHEN I'M BARKING AND HOLWLING THESE SOOOOOOOOOOOOOONGS! »

    Chantez-vous en chœur.


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